Traduction de l'éditorial de Dr Gilbert Ross dans le magazine Forbes :
The EU's New Tobacco Directive: Protecting Cigarette Markets, Killing Smokers
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Le nouvel énoncé de politique du tabac de l’Union Européenne, prétendument destiné à promouvoir la santé publique, aura l'effet inverse : loin de réduire le nombre de fumeurs, des millions seront condamnés à continuer à fumer dans la dépendance ; la moitié d'entre eux décéderont de façon anticipée à cause de leur tabagisme.
L'Organisation Mondiale de la Santé annonce que si les tendances actuelles se poursuivent, le nombre probable de de vies fauchées s'élèvera à un milliard dans le monde entier. Toutefois, toute personne ayant connaissance du spectre des maladies liées au tabagisme sait que si cette prédiction catastrophique était vraie, c'est l'inhalation continuelle de fumée de tabac durant des décennies qui en est responsable. Les risques relatifs liés au tabac non fumé et aux produits délivrant la nicotine sont de l'ordre de 1 % par rapport à la cigarette. Pourtant les nouvelles orientations politiques sont savamment bricolées pour promouvoir les cigarettes meurtrières tout en permettant efficacement l'interdiction de produits qui ont montré leur efficacité pour aider les fumeurs à arrêter.
Plus tôt ce mois-ci, la Commission de l'Union Européenne (UE) a publié son projet de directive sur les produits du tabac, expliquant l'approche globale de la réglementation des produits du tabac et de la nicotine prévue pour les 500 millions d'habitants des 27 pays de l'UE. Bien que certaines parties de celle-ci pourraient avoir un impact bénéfique sur le tabagisme - bien que mineur - l'effet net sera paradoxalement mais inévitablement préjudiciable à la santé des citoyens européens. La directive propose de poursuivre (et même renforcer) l'interdiction en vigueur sur le tabac oral suédois connu sous le nom de Snus. Pire encore, les restrictions et règlements relatifs aux dispositifs relativement nouveaux connus sous le nom de cigarette électronique conduisent inéluctablement à leur interdiction de fait.
Dans l'Union Européenne, où au moins un tiers de la population adulte fume encore, il y a près de 700 000 décès liés au tabagisme chaque année. Cette région est numéro un mondial pour les effets dévastateurs du tabagisme - avec une exception : la Suède, seul pays européen où le Snus n'est pas interdit, où seulement 16 % des hommes fument. Ce fait est validé puisque ces statistiques ont commencé à être collectées à la fin de la seconde guerre mondiale. La population masculine suédoise consomme plus de nicotine sous forme de Snus que de cigarettes - et a le plus faible taux de maladies liées au tabagisme et de décès en Europe.
Pourtant lorsque la Suède a été admise dans l'UE en 1992, l'interdiction du Snus était en vigueur et le pays a dû obtenir une dérogation pour continuer à le fabriquer et le vendre – et uniquement en Suède. Les experts éclairés en santé publique en Europe et ailleurs espéraient que la nouvelle directive assouplirait ces restrictions, compte tenu de la preuve évidente de l'efficacité dans la réduction des méfaits du tabac, alors que les produits homologués pour aider les fumeurs à arrêter de fumer les conduisent à l’échec dans 90 % des cas.
Les cigarettes électroniques, vendues en dehors de la Chine depuis sept ans seulement, disposent de peu d'études solides attestant de leurs avantages pour aider les fumeurs à cesser de fumer. Mais des millions de fumeurs présentent des études de cas dans les réseaux et forums de « vapoteurs » - leur propre terme pour nommer les utilisateurs d'e-cigarette - offrent des témoignages de son efficacité pour cesser de fumer et supplient les autorités de leur permettre de continuer à y avoir accès. Le produit fournit, sous diverses formes, essentiellement la nicotine aux fumeurs - sans toxiques, sans fumée mortelle. La nicotine est inhalée, vaporisée avec des arômes et des substances telles que le propylène glycol, le tout de manière totalement inoffensive, sur la base des années d'utilisation de ce produit dans diverses applications.
Alors pourquoi une directive officielle visant à améliorer la santé interdit de fait aux fumeurs de disposer d’un mode de délivrance de nicotine efficace et relativement inoffensif aidant à arrêter de fumer tout en permettant à un produit de consommation des plus nocifs – les cigarettes - de continuer à tuer ? Aucune explication valable ne vient à l'esprit.
- Certains disent que le tabac est dangereux, alors pourquoi permettre le Snus ?
- D'autres prétendent que les e-cigarettes entravent la politique de dénormalisation du tabagisme, puisque les utilisateurs de cigarettes électroniques miment être en train de fumer.
- Et d'autres disent que le tabac oral ou l’e-cigarette peuvent inciter les jeunes à une dépendance à la nicotine, et éventuellement à la fumée - bien qu'il n'y ait aucune preuve à l'appui de cette théorie.
Le maintien de l'interdiction du tabac oral dans l'UE est le contraire de la santé publique pour de nombreuses raisons. L’ajout de ce qui revient à une interdiction de l'e-cigarette liera les mains de millions de fumeurs européens cherchant à arrêter de fumer et forcera un nombre équivalent d’abstinents à reprendre les mortelles cigarettes. L'essentiel est que le projet actuel de directive sur les produits du tabac, si elle est approuvée par les pays de l'UE, permette de poursuivre la vente des produits pharmaceutiques d’aide au sevrage tabagique, présentés à maintes reprises comme étant inefficaces. Les cigarettes resteront disponibles à chaque coin de rue et le manque d'aides au sevrage efficaces permettra à l'industrie de maintenir ses cigarettes extrêmement rentables sur le marché européen. Big Pharma et Big Tobacco seront les gagnants, tout en condamnant des millions de fumeurs à une mort cruelle ou à l’invalidité.
Alléger et non renforcer les restrictions contre les produits de réduction du risque, voilà ce que doit appliquer l'UE, et le plus tôt possible, quand des milliers de gens meurent chaque jour à cause de la fumée de tabac.
Dr Gilbert Ross est directeur médical et directeur de l'American Council on Science and Health,
association de consommateurs à but non lucratif basée à New York
Avertissement
Leaked Documents Reveal the Secret Finances of a Pro-Industry Science Group
Mother Jones, 28.10.2013
"ACSH planned to receive a total of $338,200 from tobacco companies between July 2012 and June 2013. Reynolds American and Phillip Morris International were each listed as expected to give $100,000 in 2013, which would make them the two largest individual donations listed in the ACSH documents.
Source
- Forbes, 10.01.2013, The EU's New Tobacco Directive: Protecting Cigarette Markets, Killing Smokers ; traduction française par Amanda. Cet article aurait pu avoir été écrit hier, il n' en rien perdu de sa pertinence. ACSH a enfoncé le clou le 11.07.2013 : Bureaucrats in Brussels agree to kill European smokers
Très intéressant comme point de vue.
Je commence à changer d'avis concernant la E-cigarette. Mon expérience m'avait fait dire que c'était dangereux car difficile d'arrêter de vapoter.
Mais c'est utile pour remplacer la clope, voire la supprimer, pourquoi pas.
Merci pour toutes ces informations,
A une prochaine,
Jérémie
Rédigé par : Jérémie | 18/07/2013 à 15:16