C'est un événement dans le monde de l’addiction au tabac : une étude démontre, pour la première fois, que la cigarette électronique permet d’obtenir les mêmes résultats que les patchs cutanés à la nicotine dans l’obtention du sevrage. Ce résultat a été obtenu par une équipe de sept chercheurs dirigée par le Pr Chris Bullen (Université d'Auckland, Nouvelle-Zélande).
Il a été publié sur le site de la revue médicale The Lancet [*]. Il sera présenté en avant-première demain au congrès européen de médecine respiratoire ERS qui se tient à Barcelone et change la donne en matière de santé publique : les adversaires de la e-cigarette observaient que l'e-cigarette n’avait pas fait la preuve de son efficacité pour la cessation du tabagisme.
Les chercheurs néozélandais ont mené leurs recherches auprès de 657 fumeurs recrutés par le biais d'annonces dans des journaux locaux. Tous souhaitaient en finir avec leur dépendance au tabagisme.Il s’agissait de personnes ayant toutes commencé à fumer vers l’âge de 15 ans. On comptait 60 % de femmes pour un âge moyen de 43 ans. Trois groupes ont été constitués par tirage au sort : les membres de deux premiers groupes (292 personnes dans chaque) ont reçu pour une durée de treize semaines soit des timbres transdermiques de nicotine (patchs) soit des cigarettes électroniques (dosées à 16 mg/ml de nicotine). Les 73 fumeurs du troisième groupe ont quant à eux pu bénéficier de-cigarettes placebo (ne contenant pas de nicotine).
Ce premier essai clinique pour comparer les e-cigarettes avec des timbres de nicotine a constaté que les deux méthodes aboutissent à succès comparable à cesser de fumer, avec des proportions à peu près semblables de fumeurs qui ont utilisé deux méthodes restant abstinents de fumer pendant six mois après un cours de 13 semaines de patchs ou e-cigarettes.
Au moins aussi efficace que les patchs
Trois mois après la fin des treize semaines d'usage d'une aide à l'arrêt, une série de tests ont été effectués par les participants pour évaluer les premiers résultats en termes d’abstinence. Un arrêt total du tabagisme était alors observé chez une vingtaine de personnes. La proportion de sevrage observée variait de :
- 7,3 % (21 sur 289) dans le groupe e-cigarettes à
- 5,8 % (17 sur 295) dans le groupe timbres à la nicotine et
- 4,1 % (3 sur 73) dans le groupe e-cigarettes placebo.
Les auteurs relèvent que ces différences ne peuvent être considérées statistiquement significatives (différences trop faibles). On peut toutefois en conclure que la cigarette est d’une efficacité au minimum égale à celle des timbres de nicotine pour aider les gens à cesser totalement de fumer pendant au moins six mois.
Les chercheurs observent en outre que chez ceux qui n'avaient pas réussi à faire une croix sur le tabac en six mois (les trois mois de l’étude et les trois mois de suivi) la consommation de cigarettes de tabac avait été sensiblement réduite dans le groupe « e-cigarettes avec nicotine » par rapport aux deux autres groupes. C’est ainsi que plus de la moitié (57 %) des participants du groupe e-cigarettes avaient réduit au moins de moitié (57 %) leur consommation quotidienne de tabac.
Autre élément important : lorsqu'on leur a demandé s'ils recommanderaient le produit qui leur avait été attribué à un ami souhaitant lui aussi arrêter le tabac, 90 % des participants des deux groupes e-cigarettes (avec et sans nicotine) ont répondu qu'ils le feraient. Cette proportion n’était que 56 % dans le « groupe patchs ».
Pas d’effets indésirables repérés
Cette étude néozélandaise était également la première à évaluer (sur le terrain, scientifiquement et sur un aussi grand nombre d’utilisateurs) l’éventuelle nocivité du vapotage. Les chercheurs n'ont trouvé aucune différence dans les taux d'événements indésirables sur la santé, les quelques cas recensés ne pouvant par ailleurs être raisonnablement lié à l’une des trois méthodes ici évaluées. La e-cigarette est donc comparable, pour ce qui est de la sécurité, aux patchs nicotiniques. Les auteurs soulignent néanmoins, par précaution, que des périodes de suivi plus longues seront nécessaires pour confirmer l'innocuité à long terme de la cigarette électronique.
« Bien que nos résultats ne montrent pas de différences claires entre les e-cigarettes et les patchs à la nicotine en termes d’arrêt total au bout de six mois, il semble bien que les e-cigarettes sont plus efficaces pour aider les fumeurs qui n'ont pas encore réussi à abandonner la consommation de tabac, explique le Pr Bullen.
Il est également intéressant de noter que les personnes qui ont participé à notre étude semblaient être beaucoup plus enthousiastes vis-à-vis des e-cigarettes que des patchs. Notre étude établit un point de référence essentiel pour ce qui est des performances de la cigarette électronique par rapport à des substituts nicotiniques. Mais il y a encore beaucoup à découvrir sur l'efficacité et les effets à long terme des e-cigarettes. »
La cigarette électronique pas reconnue en France
Les résultats de l’étude néo-zélandaise, entièrement financée par les pouvoirs publics de ce pays, pourraient permettre de conférer bientôt aux cigarettes électroniques le statut de médicament au même titre que les substituts nicotiniques. La France a déclaré ne pas être en faveur de cette option.
Source : Jean-Yves Nau, Slate, 07.09.2013
* Electronic cigarettes for smoking cessation: a randomised controlled trial, thelancet.com Published online September 7, 2013 http://dx.doi.org/10.1016/S0140-6736(13)61842-5 1
Commentaires
Quarante et un arrêts durables du tabac à six mois sur 657 candidats, cela ferait un taux de succès global de 6 % : similaire au taux des arrêts francs (sans aide). En d'autres termes, dans cet essai clinique, les aides proposées ne seraient aucunement efficaces : pas plus les cigarettes électroniques que les palliatifs de nicotine.
C'est à l'évidence une déconvenue pour les partisans de la cigarette électronique. Attendons d'analyser les détails de cet essai clinique avant de porter un jugement définitif, nous y reviendrons. La conclusion intuitive et provisoire que nous pouvons tirer est que la cigarette électronique évaluée comme le sont les médicaments n'a pas démontré de supériorité flagrante. Reste alors à comprendre pourquoi ce même dispositif, utilisé comme gadget de consommation courante par un fumeur, est jugé efficace et enthousiasmant. Le mode d'emploi et la philosophie d'utilisation feraient-ils une différence ? Les tabacologues seraient-ils damnés ?
Je ne suis qu'un simple vapoteur, des centaines de personnes qui ont suivi mes conseils vidéos, forums etc, : 100% d'arrêt des goudronneuses, AUCUN retour d'échec.
Je me demande avec quel matériel et e-liquides les chercheurs néozélandais ont fait leur étude pour avoir des résultats aussi nuls !
Rédigé par : patrickdu49 | 08/09/2013 à 17:55