Voici notre traduction de l'article publié par Dr Farsalinos le 13.09.2013 sur le site ecigarette-research.com :
60 Millions de consommateurs: inventing new laws in mathematics,
having no idea about e-cigarettes
Dr Konstantinos Farsalinos (au centre, avec sa cigarette électronique à la main)
en compagnie de l’éditeur de UnAirNeuf.org et du président de l’association AIDUCE,
à Bruxelles pour une réunion du Parlement Européen.
60 Millions de consommateurs, ignare sur la cigarette électronique, invente de nouvelles lois scientifiques : je trouvais initialement ce titre trop agressif et que je pourrais le regretter. J'ai cependant décidé de le garder parce qu'il n'y a pas d'autre façon de commenter ce que sont la présentation et l'interprétation des résultats de la publication de 60 Millions de consommateurs.
Le magazine a publié aujourd’hui un article complémentaire fournissant plus de détails sur leur méthodologie et leurs résultats. Il a partiellement confirmé des informations présentées précédemment dans un site français mais a oublié de mentionner qu'entre deux bouffées ils ont continuellement aspiré l'air ambiant. Par conséquent, leurs résultats représentent ce qui est aspiré dans 15 bouffées plus dans l'air de la salle, comme je l'ai expliqué précédemment. Leurs expériences ont mesuré 750 ml de vapeur de e-cigarette plus 6250 ml du volume d'air ambiant et ils auraient dû le signaler !
Même si nous choisissons de ne pas tenir compte des erreurs méthodologiques, il y a d'autres questions importantes qui méritent d'être soulevées. Il s'agit de :
- distorsion de mathématiques,
- ignorance absolue des statistiques et,
- présentation inexacte et interprétation fausse des résultats.
Dans ce nouvel article, 60 Millions de consommateurs a finalement décidé de présenter quelques détails de leur « étude ». Ils reconnaissent que leurs conclusions sont similaires aux conclusions de Goniewicz et collaborateurs, comme je l'ai déjà mentionné dans mon commentaire précédent. Dans une revue à comité de lecture, Goniewicz écrit « Les niveaux de certains composés toxiques présents dans la fumée d'une cigarette conventionnelle sont de 9 à 450 fois plus élevés que ceux dans de la vapeur de cigarette électronique ». Fait intéressant, 60 Millions de consommateurs soutient que certains niveaux sont plus élevés dans les cigarettes électroniques que dans les cigarettes de tabac. Comment est-il possible que deux études ayant trouvé des résultats identiques en tirent des conclusions opposées ?
Oui, c'est possible. Si vous ignorez les mathématiques de base et principes statistiques vous pouvez dire ce que vous voulez. Le magazine français rapporte les faits suivants :
Pour 15 bouffées de cigarette électronique :
- La quantité de formaldéhyde était comprise entre 0,20 et 5,61 microgrammes ;
- La quantité d'acroléine se situait entre 0,07 et 4,19 microgrammes ;
- La quantité d'acétaldéhyde se situait entre 0,11 et 1,36 microgrammes.
équivalentes à une cigarette de tabac où [1] :
- La quantité de formaldéhyde varie 1,60 et 52 microgrammes ;
- La quantité d'acroléine varie entre 2,40 et 62 microgrammes ;
- La quantité d'acétaldéhyde varie entre 52 et 140 microgrammes.
Y a t-il une personne sensée qui, sur la base de ces constatations, comprend que l'e-cigarette émet plus de produits chimiques toxiques que celle de tabac ?
Le magazine français soutient que leurs résultats indiquent que les cigarettes électroniques peuvent être plus toxiques. Après y avoir réfléchi pendant quelques minutes, j'ai réalisé que la seule façon de soutenir cette idée est de comparer la valeur la plus élevée dans l'e-cigarette avec la valeur la plus faible dans les cigarettes de tabac. Ce n'est pas de la science, c'est de l'obscurantisme pur en termes de compréhension de règles mathématiques et statistiques simples. C'est une insulte au bon sens.
Fait intéressant, ils essaient de fournir des explications sur leurs conclusions. « L'acroléine est produite à 180 °C », disent-ils. Oui, lorsque vous chauffez les huiles végétales et non un mélange de glycérol, de propylène glycol et d’arômes. En outre, ils soutiennent qu'ils ont mesuré des températures allant presque jusqu’à 180 degrés dans un atomiseur d'Ego-C. Avec ou sans liquide ? Et où est présentée cette information ? Je suis actuellement au courant d'une seule étude, publiée par Dr Murray Laugesen, indiquant que la vaporisation a lieu à 54°C .
En outre, ils essaient de nous convaincre qu'ils ont évité l'occurrence de dry burn [vapeur sèche] en évaluant la densité de la vapeur et en faisant en sorte que la mèche reste toujours humide. Ceci est un autre exemple de leur ignorance complète (et dangereuse) des e-cigarettes. Le phénomène de dry burn ne se produit pas seulement quand lorsque l'atomiseur manque de liquide. Il se produit aussi lorsque durant l'activation du dispositif la vitesse d'évaporation est plus élevée que la vitesse d'alimentation du liquide vers la résistance. L'atomiseur peut être complètement rempli de liquide mais le dry burn se produire quand même. Il n'existe aucune preuve que le phénomène de dry burn se produise uniquement lorsque la densité de vapeur est diminuée. Je suis convaincu que ça se produit beaucoup plus tôt que cela et il n'existe à ma connaissance aucune méthode pour le détecter, sauf à demander à un vapeur expérimenté de tester le dispositif. Je leur suggère de lire cette étude et se renseigner sur la question de dry burn.
L'acroléine est en effet produit lors du vapotage, à des niveaux inférieurs par des multiples de 10 à ceux des cigarettes de tabac : cela est évident, même à partir des résultats de la revue française. La raison de la production d'acroléine n'est pas la température élevée de l'activation de la e- cigarette en général, mais la présence de points chauds sur la surface où le liquide s'évapore. Cela peut se produire à cause de la répartition inégale de l’alimentation en liquide ou de sa ré-alimentation lors de l'activation de l’e-cigarette. Ces points chauds sont probablement si petits qu'aucun capteur ne peut être en mesure de détecter les élévations de température. En outre, leur apparition est complètement imprévisible et c'est pourquoi la quantité produite peut varier - en utilisant le même appareil et le même liquide - entre deux bouffées consécutives. Pourtant, les niveaux obtenus sont tout à fait inférieurs à ceux des cigarettes de tabac.
Ceci suffit pour justifier pourquoi les annonces du magazine français doivent être caractérisées comme non valides, non scientifiques, irrationnelles et ridicules. Je suis vraiment désolé pour l'utilisation de ces termes mais le magazine français et les personnes qui ont rédigé ces articles devrait avoir honte de ce qu'ils font. C'est une honte totale, une distorsion de la vérité et de la science, un coup médiatique qui montre un manque de respect absolu pour les consommateurs : manque de respect pour les utilisateurs de e- cigarettes qui sont inquiétés et peuvent rechuter dans le tabagisme et mépris pour les fumeurs qui sont terrorisés et vont éviter d'essayer le vapotage et continuer à fumer.
Je n'ai jamais été si agressif dans aucun de mes commentaires. Je défends toujours la vérité. Je dis toujours que les cigarettes électroniques ne sont pas tout à fait inoffensives. Il est vrai que nous nous ne pouvons pas connaître ses effets à long terme, même si nous disposons d'énormes quantités de données nous autorisant à supposer de façon sure que ces effets seront minimes.
J'accepte les conclusions de publications évaluées par les pairs ayant montré que certains produits chimiques peuvent être produits, à des niveaux très bas. Cependant je crois qu'il est de mon devoir éthique d'informer correctement le public sur cette question sensible. Et c'est un devoir de critiquer sévèrement et discréditer les « études » qui sont utilisées sans éthique pour faire de la publicité et ne produisent rien de moins que de la désinformation et de l'intimidation. Les gens qui jouent avec la santé et la vie des fumeurs méritent d'être condamnés publiquement pour leur action.
Dr Farsalinos est chercheur au centre Onassis de chirurgie cardiaque à Athènes (Grèce) et au University Hospital Gathuisberg à Louvain (Belgique). Il est activement impliqué dans la recherche scientifique sur la sécurité des cigarettes électroniques.
Référence
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