Quand l’association DNF (Droits des Non Fumeurs) passe de l’e-fumage à enfumage
Nous avions cru un moment que l’association Droits des Non Fumeurs (DNF), dont la mission est de défendre les non-fumeurs et leur droit à ne pas respirer les émanations odorantes du tabac, encouragerait l’usage de la cigarette électronique, sans risque connu ou presque à ce jour pour l’usager comme pour ses proches. Las !
Depuis son apparition, DNF n’a de cesse de dénigrer la cigarette électronique ou – dixit – cigarette “virtuelle” ou “électrique” [1]. Motif : la vapeur émise, imitant la fumée de tabac, “renormaliserait” l’acte de fumer. Et l’acte de fumer, c’est comme le viol d’un enfant : il faut nettoyer la terre de ces insanités. Nous avons eu l’occasion d’échanger sur la question avec son président : rien n’y fait, le dogme ne supporte pas la critique. Vapoter, c’est comme fumer :
Avec la cigarette électronique, DNF enregistre le retour déguisé de la promotion d’un tabagisme prétendument propre et inoffensif pour la santé. Un produit magique qui participerait à l’arrêt du tabac et permettrait de fumer dans les lieux où la loi l’interdit.
La cigarette électronique est aussi affaire de morale
Vapoter, c’est comme fumer :
Si le doute subsiste donc sur le fait de savoir si l’on est en infraction en fumant cette cigarette électronique dans un lieu où fumer est interdit (art. R.3511-1 du CSP), il ne fait par contre aucun doute sur le fait que la simulation de l’acte de fumer corresponde bien à la définition de l’article R.3512-2 3° du CSP « favoriser, sciemment, par quelque moyen que ce soit, la violation de cette interdiction ». L’infraction punissable d’une amende de 750 € concerne donc bien le responsable des lieux qui ne peut pas autoriser cette simulation dans un lieu où fumer est interdit.[2]
Toutefois, tant que l’e-fumage demeurera une imitation du fumage, il tombera sous le coup de l’article R3512-3 3° du code de la santé publique [3]
La publicité pour la cigarette électronique est-elle considérée comme une publicité en faveur du tabac ? Bien sûr !
A la lecture des textes, il ne fait aucun doute qu’il s’agisse bien d’une publicité en faveur du tabac telle que décrite aux articles L.3511-3 et 4 du code de la santé publique punissable d’une amende de 100 000 € au titre des articles L.3512-2 et 3 du même code. Cette interprétation est à la fois conforme aux textes, à l’esprit dans lequel il ont été promulgués et aux recommandations de la Convention Cadre de l’OMS ratifiée par la France par décret n° 2005-293 du 22 mars 2005, notamment dans ses articles 1c et 3. [4]
Recyclage d’un business (la morale a bon dos)
Légaliste et activiste juridique, DNF a tout intérêt à ce que le vapotage soit assimilé au tabagisme, pour lequel des lois liberticides ont été inventées et qui sont source de procès faciles à gagner. Et DNF n’a pas intérêt à ce que le tabagisme recule, puisque c’est le fondement de sa mission : l’éradiquer de l’hexagone. Et malheureusement pour elle, la cigarette électronique s’avère une sacrée aide pour les fumeurs en mal de solution pour dire adieu aux “tueuses”.
Les études (prétendues) scientifiques n’ont - certes - pas encore démontré que la cigarette électronique était une aide à l’arrêt. Il y a un problème de méthode, puisque ces dispositifs ne peuvent pas être proposés aux fumeurs pour arrêter puisqu’ils ne sont pas des médicaments. Car au cas où vous ne le sauriez pas, par décision juridique seuls les médicaments sont des produits qui peuvent être recommandés pour aider à l’arrêt du tabac. C’est la loi. Loi stupide, loi dont la cigarette électronique montre la sournoiserie, mais c’est la loi dont profite DNF (comme le monopole de la tabacologie et l’industrie pharmaceutique). Il n’est pas du tout certain que la preuve scientifique soit apportée un jour que la cigarette électronique - bien que n’étant pas assimilable à un médicament - est une aide à l’arrêt. Les laboratoires pharmaceutiques proposant des gri-gris de nicotine inefficaces vendus au poids de l’or n’y ont pas intérêt. Avec les normes européennes, aucun produit actuel ne peut y satisfaire (et les normes ont été concues précisément avec cet objectif).
Les medias regorgent d’alertes pour faire peur et freiner les ventes : cela n’empêche pas la cigarette électronique d’être massivement adoptée par les fumeurs.
Le problème, c’est que la réalité désavoue la propagande
La réalité dépasse l’enfumage des DNF et autres zélotes anti-fumeurs et anti-ecigarette. Le marché, qui possède une certaine logique parfois irrationnelle, a choisi : les ventes de cigarettes électroniques explosent. Un fumeur français sur deux l’a essayée. Bientôt un million de vapoteurs français se seront substitués à un million de fumeurs. L’étude ETINCEL [5] a permis d’estimer l’ampleur du phénomène. Au Royaume Uni, une enquête mensuelle de www.smokinginengland.info permet de suivre l’évolution au mois le mois. Les dernières statistiques montrent que les anti-ecig ont perdu la bataille.
La proportion de fumeurs ayant mené une tentative d’arrêt du tabac
dans les 12 derniers mois augmente
Le pourcentage de fumeurs ayant cessé ces 12 derniers mois augmente
La consommation globale de nicotine est en baisse
La cigarette électronique n’attire que les fumeurs, pas les personnes n’ayant pas fumé
Ce dernier graphique montre que dans le groupe des personnes n’ayant pas fumé, 0,1 % sont consommateur de nicotine a priori pharmaceutique (ce qui est beaucoup) et 0,2 % vapotent. Le mythe de la passerelle, déjà dénoncé par de multiples enquêtes, l’idée que les jeunes non fumeurs se mettraient à vapoter, est une mystification à fin de propagande.
Nous sommes cependant surpris de la quantité de gens qui ont cessé de fumer et continuent de consommer des gommes de nicotine : plus que ceux qui continuent de vapoter.
En conclusion dit le rapport d’avril 2014
La croissance de la prévalence du vapotage a peut-être ralenti. L'augmentation du vapotage a été accompagnée d'une réduction, bien que moins importante, de l'utilisation des spécialités de nicotine pharmaceutique recommandés comme des médicaments sur ordonnance, mais pas des prestations d'accompagnement. Ces observations infirment le point de vue selon lequel les cigarettes électroniques abaisseraient la motivation à cesser de fumer ou à réduire la consommation de tabac. L'utilisation de l'e-cigarette par les personnes n'ayant jamais fumé reste extrêmement rare. Ces observations infirment le point de vue selon lequel les cigarettes électroniques mineraient la prévention du tabagismeou le "renormaliseraient" ; elles peuvent au contraire contribuer à une réduction de la prévalence du tabagisme en augmentant les chances de réussir à arrêter de fumer. |
Source : Robert West & al. , Trends in electronic cigarette use in England ; mise à jour 04.04.2014
Bref, tous les arguments mis en avant par DNF pour contrôler la cigarette électronique sont balayés par les faits. Ne nous faisons cependant pas d’illusion : les faits n’ont pas grande importance face à un dogme. Le dogme c’est qu’il faut détruire l’industrie du tabac, et tant pis pour les fumeurs vivants. DNF soutiendra les propositions de l’Organisation Mondiale de la Santé, de l’Union Européenne et d’autres visant à bannir les modèles de cigarette électronique qui aident les fumeurs à protéger leur santé. Un bon fumeur est un fumeur mort, et aux vapoteurs reste le droit d’émigrer à Lampedusa.
Références
- Cigarettes électroniques : DNF dénonce les faux-semblants d’un tabagisme « propre »
- La cigarette électronique est elle autorisée dans les lieux publics ?
- L’union européenne vient de trancher quant à la juridiction vis à vis des cigarettes électroniques
- La publicité pour la cigarette électronique est-elle considérée comme une publicité en faveur du tabac ?
- De 1,1 à 1,9 million de vapoteurs quotidiens fin 2013 en France (OFDT)
Commentaires
Vous pouvez suivre cette conversation en vous abonnant au flux des commentaires de cette note.