L'Agence France Presse remet un couche de patascience sur la cigarette électronique et alimente les médias avec une nouvelle dépêche alarmiste sur la cigarette électronique. Il y a deux mois, c’était « parfois plus cancérigène » (cf. LesEchos.fr, 27.11.2013). Cette manchette avait fait la une de nombreux médias, souvent sans regard critique mais parfois aussi pour relativiser le message. Ainsi nous retenons l'article de Catherine Hill, qui fait autorité en France : Cigarette électronique plus cancérigène que le tabac ? C'est faux, on ne peut l'affirmer dans L'Obs du 30 novembre 2013 : "Problème : l'auteur de l'étude a lui-même émis des réserves sur cette conclusion" révèle t-elle...
Aujourd'hui le titre est le suivant : « La cigarette électronique peut être 5 à 10 fois plus cancérigène que le tabac ». Cela est évidemment de la manipulation ! Prenez un bifsteack non réputé cancérogène. Laissez-le griller sur un barbecue pendant un temps suffisant, vous obtiendrez un amas certes potentiellement cancérogène mais proprement inmangeable. Personne ne pourrait en manger et en subir de conséquence en termes de risque de cancer ! Voila le type d'information mensongère qu'aime à diffuser dorénavant l'AFP. À qui profite le crime ? Car l'erreur exceptionnelle est à exclure : on ne répète pas une telle désinformation par hasard. Cela finirait mal pour l'AFP.
Une utile comparaison avec les âneries proférées par l'Agence France Presse se trouve dans la couverture concomitante du sujet par son concurrent Reuters, plus nuancé :
Contrairement à certaines opinions, cette couverture de presse ne semble pas instrumentée par l'industrie du tabac [1] : notre hypothèse est que l'AFP claironne sur demande de l'État français, son premier client avec 40 % de ses abonnements. Faire accepter dans l'opinion une transposition de la Directive Tabac européenne, véritable coup d'état à la démocratie, arrangerait bien nos autorités si souvent autoritaires : le bombardement répété de propagande mensongère y contribuera...
Référence
- Deux financeurs de l'étude sont des avocats du cabinet Robbins Geller Rudman & Dowd LLP, impliqués dans le passé dans les procès contre l'industrie du tabac aux USA : Michael J Dowd and Patrick J Coughlin. Ce dernier a notamment permis à des collectivités régionales étatsuniennes de ponctionner 12,5 milliards de dollars aux industriels du tabac... Source : les déclarations de liens d'intérêt des auteurs au NEJM.
À lire sur le même sujet
- Formaldéhyde présent dans la vapeur de cigarette électronique : quelques questions et préoccupations
- Une nouvelle étude accable la cigarette électronique, Le Monde.fr avec AFP, 22.01.2015
- Formaldehyde in e-cigarettes could boost cancer risk, Daily Mail, 22.01.2015
-
Désinformation : la différence entre une étude en laboratoire et la réalité, J. Le Houezec, 22.01.2015
[Mise à jour 22.01.2015 11:53]
Le journal Le Monde a modifié la version électronique de l'article suite aux remarques formulées par des chercheurs à l'égard de l'étude et en change le titre pour “Une étude controversée met en cause la cigarette électronique”. Le quotidien conclut : “Dans les conditions de la vie réelle, les vapoteurs ne seraient donc pas exposés à des concentrations de formaldéhyde de l'ordre de celles analysées dans l'étude.”
Tant que la cigarette électronique ne rapportera rien à l'État elle ne sera pas bien considéré...
Rédigé par : simonnet | 26/01/2015 à 12:58