Le 28 mai 2006, il y a dix ans jour pour jour, UnAirNeuf.org publiait son premier billet.
2006 : c'était l'époque de l'instauration en France de l'interdiction de fumer au travail, pour laquelle nombre de grandes entreprises avaient sollicité notre conseil. Quel changement pour les employés fumeurs ! Il a même fallu reprogrammer les ascenceurs de certaines tours à La Défense, saturés par l'accroissement des aller-retour pour les pauses clopes. La meilleure solution était d'aider à l'arrêt, ce que nous faisions avec quelque succès... en déconseillant strictement l'usage de gri-gris médicamenteux conformément à la préférence de nos clients.
Cette année 2006 avait vu l'émergence d'un nouveau traitement de Pfizer à base de varénicline, une molécule brevetable copiée de la cytisine (marque Tabex), utilisée en Europe de l'Est depuis les années 1960. Le nom commercial en Europe est Champix° : ses ventes en France ont continuellement baissé de 441 964 mois de traitement en 2007 à 41 315 en 2015. Rapporté à la dizaine de millions de fumeurs réguliers, l'incidence de ce produit chimique est devenue négligeable, la faute à un rapport bénéfice/risque défavorable.
C'est en 2006 aussi qu'un interlocuteur de Shenzhen (Chine) nous a contacté pour commercialiser un nouveau produit, appelé "cigarette électronique". Dès mai 2007 le produit était disponible en France et nous en parlions avec quelque doute quant à son efficacité pour la cessation du tabagisme. Nous en avons été convaincu dès 2010 en rencontrant ceux qui en ont été les précurseurs en France : Michael Hamoudi, Brice Lepoutre, Renaud de Boudemange (Renaud Hominine, paix à lui), Didier Martzel (Alfaliquid) et d'autres moins connus.
UnAirNeuf.org aura publié à ce jour 259 articles sur ce seul sujet, maintenant largement couvert par de nombreux sites internet dédiés. Aucun de ces articles ne nous semble aujourd'hui démenti par l'évolution des connaissances... La révolution de la vape (terme préféré à tout ce qui peut évoquer le tabagisme) nous aura beaucoup interpellé, convaincus que nous étions de l'innocence de la seule absorption de nicotine. Pour reprendre les propos du Pr Molimard, l'addiction à la nicotine est un mythe...
Nous étions convaincus du rôle accessoire de la substance nicotine dans le maintien de la dépendance au tabagisme : nous le sommes toujours ! Cela a évidemment comme conséquence de ruiner la stratégie des entreprises pharmaceutiques consistant à faire croire que la nicotine est un remède d'une dépendance qu'elle aurait causé : toute la stratégie de "substitution nicotinique" qui reste l'approche médicale la plus recommandée est fondée sur du vent et des études pipeautées. Il n'existe pas de substance pouvant servir de placebo à la nicotine et les études cliniques en faisant l'hypothèse relèvent de la patascience !
Un des indices confortant notre position a été - très rapidement - le constat que les vapoteurs réguliers réduisaient avec le temps leur dosage en nicotine, comme si (pour la plupart) une intolérance se manifestait progressivement à sa consommation. Le phénomène est connu avec les timbres trandermiques d'ailleurs. Un autre indice était que les ados essayant la vape ne continuaient généralement pas : cela est établi maintenant. Le Bulletin Épidiémologique Hebdomadaire du 25 mai 2016 nous semble une lecture impérative : la publication des autorités sanitaires françaises démontre que :
- vapoter est un moyen de sortir du tabagisme,
- et n'incite pas les ados non fumeurs à devenir fumeurs réguliers.
Il reste des questions à travailler, notamment le processus de cessation complète du tabagisme une fois que l'on en a réduit son risque de façon plaisante. Nos 1450 articles en dix ans montrent à l'évidence qu'il ne saurait exister de solution simple et valable pour tous pour se libérer de la dépendance à la cigarette. La recherche d'aides est un processus qui n'aura pas de fin. La révolution de la vape se poursuivra de différentes façons, dans le monde entier, au plus grand bénéfice des fumeurs accros. Nous avons semé quelques petites pierres sur leur chemin, que nous tâcherons modestement de continuer à débroussailler en toute indépendance.
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