Philippe Presles est médecin, tabacologue et essayiste, membre du comité scientifique de SOS Addictions. Voici son avis sur l'arrivée du tabac chauffé sur le marché - nouveau remède au tabac fumé dont nous aurons à reparler :
- Philip Morris met un genou à terre et c’est une grande victoire de la cigarette électronique. Grâce à elle et à son potentiel économique, la recherche mondiale sur les alternatives au tabac est repartie.
- Méfions-nous de nous : un maréchal gagne rarement deux guerres. Les associations de lutte contre le tabac qui ont gagné la guerre de la dénormalisation, ont raté celle de la réduction du risque.
- Par sa position, Philip Morris s’engage pour la nicotine sans fumée, comme nous le recommandons et comme le recommande le Royal College of Physicians. Cela doit être salué. C’est notre victoire à nous.
- Par ses lobbyistes, Philip Morris peut entraîner des gouvernements sur cette voie et de ce fait les amener à reconnaître tous les produits de la nicotine sans fumée, dont les Snus et la cigarette électronique.
- A nous de bien évaluer le degré de Réduction des Risques d’IQOS, voire d’émettre des réserves. Nous avons le droit de réclamer des études comme les Etats et les journalistes nous en ont tant demandées pour la e-cig.
- A nous d’être cohérents : toutes les recherches sur les produits nicotiniques sans fumées sont fondamentales, y compris celles sur le tabac chauffé.
- Et n’oublions pas que les fumeurs ont besoin de beaucoup de solutions différentes pour arrêter de fumer. Plus d’un tiers d’entre eux ne supportent pas la cigarette électronique. Beaucoup s’en lassent. Idem pour les patchs.
- Au final, cela devrait augmenter le marché de la vape dans le monde, car si Philip Morris change de stratégie, c’est bien que ses études de marché lui indiquent le sens du vent. Ce ne sont pas des saints, on est bien d’accord.
Source : le blog de Jean-Yves Nau Journalisme et Santé Publique, 08/01/2018
