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Les patchs gagnent pas le match : une nouvelle démonstration de la totale inefficacité des palliatifs de nicotine dans l'arrêt du tabac vient d'être publiée aux USA par la Harvard School of Public Health [1]. La publication est intitulée :
Une étude prospective de cohorte met en doute l'efficacité de la stratégie médicale d'aide à l'arrêt dans la population.
Les auteurs concluent ainsi :
Cette étude montre que les fumeurs ont le même taux de succès qu'ils aient - ou non - eu recours aux substituts de nicotine ("This study finds that persons who have quit smoking relapsed at equivalent rates, whether or not they used NRT to help them in their quit attempts").
Pour les auteurs, les statistiques permettent d'affirmer que financer ces substituts nicotiniques sur fonds publics est contestable. Cette stratégie se fait au détriment du financement de campagnes médiatiques anti-tabac et d'autres actions décourageant le tabagisme qui se sont avérées efficaces.
Le temps semble venu de penser comment dé-médicaliser la prévention du tabagisme : c'est ce que nous appelons de nos vœux depuis 2006 sur ce site.
Référence
Florilège d'articles sur le même sujet...
UnAirneuf.org est dédié à démasquer la désinformation et la patascience des vendeurs et prescripteurs de nicotine pharmaceutique et des traitements pharmaceutiques censés aider à l'arrêt du tabagisme. Voici une sélection de nos articles les plus lus :
Ailleurs dans la presse
[mise à jour 11.01.2012]
Les tabacologues français refusent de reconnaitre le constat de leurs homologues aux USA, sans doute parce qu'ils sont débutants ou incapables. Par exemple dans LeFigaro.fr, le 10.01.2012 :
Selon le Pr Yves Martinet, pneumologue au CHU de Nancy et président du Comité national contre le tabagisme, ces produits peuvent au contraire aider le patient s'ils s'accompagnent d'un suivi long et régulier du patient.
« Quand ils sont bien prescrits, les substituts multiplient par deux les chances de succès », affirme-t-il, s'appuyant sur des données publiées par la revue Cochrane, basées sur des cohortes plus larges. « Mais quand les gens les achètent seuls sans ordonnance, ils ont tendance à ne pas en prendre assez et assez longtemps. Rompre sa dépendance au tabac peut prendre des mois, voire des années. Je connais des patients qui prennent des substituts depuis deux ou trois ans. »
Ce spécialiste recommande de varier les formes de ces produits (patches, formes orales) et de les associer à une thérapie cognitivo-comportementale. Conduite avec un médecin généraliste ou un tabacologue, elle permettra de comprendre pourquoi le fumeur a recours à la cigarette et de définir une stratégie personnalisée.
[mise à jour 11.01.2013]
Six mois plus tard, plusieurs tabacologues réfutent à leur tour les conclusions d'une étude par trop défavorable aux industriels du médicament avec qui ils ont des liens d'intérêts long comme les bras d'un poulpe :
Parmi les arguments avancés pour dire que cette étude, "C'est pas d'jeu", celui-ci : il y a un biais parce que l'on sait que ceux qui prennent des substituts nicotiniques ont moins de chance de réussir leur tentative que ceux qui préfèrent s'en passer. Ah bon ?
Pour ajouter à la pantalonnade, nous notons que l'un des auteurs du courrier à l'éditeur de la revue est... l'éditeur de la revue en personne, Robert West.
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La Dépêche, 10/01/2012
Pour arrêter de fumer, il existe des substituts nicotiniques sous forme de patch, de comprimé ou de gomme à mâcher.
Selon une étude américaine publiée ce lundi, les patchs, pâtes à mâcher à la nicotine, inhalateur ou spray nasal seraient inefficaces pour aider les fumeurs à arrêter définitivement la cigarette.
Photo Laurent Dard.
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Santé Log, 10.01.2012
Rien ne sert de mâcher ou de se patcher: c’est ce que conclut cette étude de la Harvard School of Public Health (HSPH) et de l'Université du Massachusetts (Boston), et tout particulièrement pour les patchs et les gommes, même combinés avec un soutien anti-tabagique. Grosse déception pour ceux qui les ont adoptés. Cette recherche, financée par les National institutes of Health (NIH) et menée sur près de 800 personnes est publiée dans l’édition en ligne du 9 janvier dans Tobacco Control, une revue du groupe BMJ.
«L’étude montre la nécessité pour la Food and Drug Administration, qui supervise la réglementation des médicaments de sevrage tabagique aux U.S. de se baser sur des preuves scientifiques d’efficacité à long terme», explique Gregory Connolly, directeur du Center for Global Tobacco Control à la HSPH, co-auteur de cette étude.
Cette étude prospective de cohorte, dirigée par Hillel Alpert, chercheur à la HSPH a suivi 787 fumeurs adultes dans le Massachusetts ayant récemment cessé de fumer. Les participants ont été interrogés à 3 reprises durant les périodes 2001-2002, 2003-2004 et 2005-2006. Les participants devaient indiquer s'ils avaient utilisé une substitution nicotinique sous forme de patch dermique, de gomme à mâcher, d’inhalateur de nicotine voire de spray nasal et, dans ce cas, quelle avait été leur durée maximum d’utilisation de ces produits en continu. Ils devaient également préciser sils avaient suivi un programme de soutien à l’arrêt du tabac.
Aucune amélioration significative avec ces substituts, que ce soit pour les « gros » ou les « petits » fumeurs. Les résultats montrent, pour chacune des 3 périodes d’évaluation, que près d'un tiers des ex-fumeurs récents avait rechuté. Les chercheurs ne constatent aucune différence significative dans les taux de rechute parmi ceux qui ont utilisé un substitut durant plus de 6 semaines, avec ou sans conseils ou soutien professionnels.
Cette étude montre que l'utilisation des substituts n'est pas plus efficace que prendre la décision d’arrêter par soi-même, explique l’un des auteurs.
A minima, pour l’équipe de recherche, de nouvelles études de cohorte, plus larges, sont nécessaires pour tenter d’identifier une efficacité éventuelle, sur la population générale. Cela remet évidemment en cause la prise en charge par les caisses de l’Assurance maladie, de ces médicaments « à la nicotine », surtout en regard d’autres types d’intervention comme celles reconnues efficaces (campagnes de prévention, hausse des taxes, interdiction dans les lieux publics…).
Des conclusions précieuses quand on sait qu'en France, comme aux Etats-Unis, le tabagisme a du mal à baisser depuis ces 5 dernières années.
Source : A Prospective Cohort Study Challenging the Effectiveness of Population-based Medical Intervention for Smoking Cessation ;
Tobacco Control, doi:10.1136/tobaccocontrol-2011-050129, online January 9, 2012.
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Nicotine therapy doesn't help smokers quit: study
AFP – 09.01.2012
WASHINGTON — Gums, patches and nasal sprays that supply smokers with nicotine do not help people quit cigarettes over the long term any better than going it alone, a US study said on Monday.
The research by the Harvard University School of Public Health followed 787 adults in the state of Massachusetts who had recently quit smoking, and found that over time just as many relapsed after Nicotine Replacement Therapy (NRT) as without -- about a third.
"This study shows that using NRT is no more effective in helping people stop smoking cigarettes in the long term than trying to quit on one's own," said lead author Hillel Alpert, a research scientist at Harvard.
Study participants were surveyed over three time periods: 2001-2002, 2003-2004, and 2005-2006. Not only were relapse rates about the same among those who used NRT and those who did not, the study found that heavily dependent smokers who took NRT without professional therapy were twice as likely to relapse as those who did not use NRT.
"This may indicate that some heavily dependent smokers perceive NRT as a sort of 'magic' pill, and upon realizing it is not, they find themselves without support in their quitting efforts, doomed to failure," said the study in the journal Tobacco Control.
Although previous randomized controlled studies have shown NRT to be effective in helping smokers quit, the latest research shows the weakness of those trials among the general population in a real-life setting, the authors argued.
The study also showed that very few people follow the recommendations of using NRT for eight weeks, with many opting for shorter periods of use.
The NRT industry has boomed since nicotine gum was first introduced in 1984, according to background information in the article. Back then, NRT products were a $45 million industry in the United States.
Since over-the-counter sales of NRT were approved in 1996, the industry has soared to $800 million per year. On top of that, sales of prescription drugs to stop smoking reached $841 million dollars in 2007.
More public funds are also helping to subsidize stop-smoking therapies to low-income Americans, with 39 state Medicaid programs covering one or more kinds of NRT in 2011, compared to 17 states in 1996. Meanwhile, rates of smoking in the United States have leveled off at about 20 percent of the population in the past five years after a steady period of decline.
"What this study shows is the need for the Food and Drug Administration... to approve only medications that have been proven to be effective in helping smokers quit in the long-term and to lower nicotine in order to reduce the addictiveness of cigarettes,"
said co-author Gregory Connolly, director of Harvard's Center for Global Tobacco Control.
GlaxoSmithKline Consumer Healthcare, whose US products include the NicoDerm CQ patch and Nicorette gum, responded to the study by saying "there remains strong support for NRT's efficacy and its positive impact on public health."
In a statement, it cited the World Health Organization, leading experts and world governments which "agree that NRT products have a crucial role to play in helping to reduce the devastating toll of disease caused by tobacco dependence." It also referenced "numerous studies (that) show smokers who use NRT products per the dosing recommendations, combined with support, can double their chances of successfully quitting over 'cold turkey.'"
Copyright © 2012 AFP
Version francophone : Arrêter de fumer: patch et pâte à mâcher à la nicotine seraient inefficaces
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Alok Jha, science correspondent, guardian.co.uk, 9 January 2012
People who use nicotine replacement therapies such as patches find it easier to quit smoking, but are just as likely to relapse.
Chewing nicotine gum or using nicotine-replacement patches offers no advantage in keeping smokers off cigarettes in the long term, according to scientists. They say that while nicotine-replacement therapies (NRTs) could be useful in the early stages of combatting withdrawal, public health bodies should reconsider their reliance on these techniques as a way to reduce the number of people who smoke.
Randomised-controlled trials have previously shown that NRTs double the likelihood that people who give up cigarettes will remain off them six months later. In the latest study, however, which looked at outcomes in the general population after a few years, the NRTs were less impressive.
Between 2001 and 2006, scientists periodically questioned a group of people who had recently quit smoking and found that around third relapsed every few years. The group using NRTs such as patches and gum were no less likely to relapse than those who had relied on willpower or other methods.
"We didn't study whether or not patches or gum increased quitting in the short term," said Gregory Connolly, director of the Center for Global Tobacco Control at Harvard School of Public Health (HSPH), who led the research. "There's clear evidence that it does – people are twice as likely, within 6 months, to quit than using a patch or counselling. There is a role for counselling if people get on the road to quitting, that's where you start. What we did show is that the effect didn't last in the long term."
In the new study, scientists took a random sample of adults in Massachusetts and followed those who had recently quit smoking. They were asked whether they had used a nicotine patch, nicotine gum, nicotine inhaler, or nasal spray to help them quit. They were also asked if they had taken part in quit-smoking programmes or taken help from a doctor or counsellor.
Of the 787 subjects, 192 people (22.6%) said thay had used NRTs. When the group was questioned again around two years later, Connolly's team found that 30.6% of the group had relapsed, with 20.4% of the group saying they had used NRTs and had relapsed. At the second follow-up, a further two years later, 31.6% of the respondents had relapsed. The portion of NRT users who had relapsed at every stage was roughly equivalent.
The results are published in the online edition of the journal Tobacco Control.
John Britton, director of the UK Centre for Tobacco Control Studies at the University of Nottingham, said:
"This study shows that the likelihood of relapse among smokers who have quit smoking is unrelated to whether they used NRT, or for how long, in the process of quitting. This is not a surprising observation.
"We know from extensive observational and clinical trial evidence that smokers who want to quit are substantially more likely to succeed if they use NRT or other medication, and this study does not change that fact. However, we also know that addiction to smoking is a lifelong, relapsing condition, and although relapse becomes less likely with the passage of time, it is always a danger.
"This study shows that danger is equally real for those who used NRT and those who did not, just as the likelihood of falling from a tightrope is unrelated to whether the walker was helped to the start."
Deborah Arnott, chief executive of the Action on Smoking and Health (Ash) charity said there was good evidence that the provision of medication and counselling to help smokers quit, as provided by the Stop Smoking Services in the UK, was effective and cost-effective. "Ash agrees, however, that it is essential that such support is provided as part of a comprehensive tobacco control strategy, which includes mass media campaigns to encourage smokers to quit."
Connolly added that the study showed the importance of testing population-level data on health interventions before governments backed spending money on them. "We have to think about, when we go into the real world, what are the other factors out there that are contributing to the relapse that the drug is not [addressing]," he said. "Clearly we know that social interventions such as price, clean indoor air policies and very strong public education campaigns do have a long-term effect and we can show that through population research."
He urged anyone who wanted to quit smoking to use NRTs if they wished but also to understand the true long-term nature of nicotine addiction. "Be very serious about your quit attempt and be very prepared when the medication ends," he said. "Don't drop away from your counsellor after six months, stay in contact."
He said people were more likely to stay quit if they worked in a smoke-free environment or lived in a home where there was no smoke.
© 2012 Guardian News and Media Limited. All rights reserved.
http://www.guardian.co.uk/science/2012/jan/09/nicotine-replacement-quitting-smoking/print
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La galerie des gadgets vendus comme remèdes au tabagisme est maintenant riche de 69 articles. UnAirNeuf.org a présenté notamment les offres commerciales suivantes :
Pourquoi sur ce site en général sérieux, prenons-nous plaisir à citer toutes ces offres plus ou moins folkloriques ? Ceci nous permet de montrer que s'il existait une (ne serait-ce qu'une) solution pharmaceutique efficace, toutes ces offres et méthodes auraient disparu depuis longtemps du marché. Il est donc légitime d'ajouter à cette liste :
Ces produits onéreux sont potentiellement utiles au médecin afin d'instaurer une “relation thérapeutique” à son avantage : ceci a semblé acceptable jusqu’à la dénonciation de l’arnaque concernant les traitements pharmaceutiques contre la maladie d’Alzheimer, dont le service rendu pour le patient à été réévalué à "Faible" (à une voix près : NUL) au grand dam des gériatres et des experts acoquinés avec Big Pharma. Cette facilité leur a permis de justifier une prise en charge de leurs prestations par la collectivité et de dériver à leur profit les autres prestations susceptibles de pallier la dépendance. Scandale, un de plus [1, 2].
Les moyens financiers étant limités et sans parler des abandons quasi systématiques des traitements vendus, ces gachis de médicaments (par ailleurs poisons dangereux) constituent une perte de chance pour les patients. Ainsi :
gri-gris officiels labélisés par la pharmacine toute puissante, ponctionnent les ressources qui pourraient être allouées à d'autres prestations de service, de formation, d'accompagnement ou de soutien plus utiles.
Sans service rendu, nous mettons tous ces gri-gris dans le même sac, celui des offres usurpatoires. |
C’est la relation entre le fumeur et le prestataire dans la démarche d’arrêt qui peut être efficace, peu importe le véhicule employé. Qu’elle soit réalisée dans un cadre marchand ou non - payée par la solidarité nationale comme on dit pudiquement, ponction nationale serait plus pertinent - l’aide à l’arrêt du tabac relève d’une prestation de service : cf. Arrêt du tabac : produits douteux et services sérieux.
Dans ces conditions, gri-gri, boubou ou blouse blanche se révèlent des chimères. Nous nous sommes fait cette réflexion en découvrant le site du phytothérapeute sénégalais Serigne Samba Ndiaye, apportant sa contribution à cette pléthore d'offre dont l’imagination est la seule limite [3]. Ce site - bénévole et joliment fait - mérite une visite courtoise. Après l'esquisse d'un sourire, nous le trouvons plus honnête que bien des sites de pharmacine avec ce label "HONcode" qu'Unairneuf.org refuse [4]. En voici un extrait :
Sans être savant dans ce domaine, j’ai comme l’intuition que la réglisse devrait être utile pour cesser de fumer. J’ai également entendu toutes sortes d’histoires encourageantes sur des anciens fumeurs qui avaient réussi à abandonner le tabac grâce à la réglisse. Quel peut être son mode d’action ? Il se trouve que la racine de réglisse ressemble tout à fait à un vieux cigarillo tout racorni. Vous pourrez garder sous la main un bout de racine de réglisse et le sucer au lieu d’allumer une cigarette.
Je suis d’avis que l’efficacité de cette plante tient au fait qu’elle satisfait le besoin de sensation orale que partagent tous ceux qui ne peuvent se passer de cigarettes. Voilà un remède que j’essaierais volontiers si j’étais fumeur. Sachez que la réglisse et ses extraits ne présentent aucun danger quand les quantités ingérées restent modérées, jusqu’à trois tasses de tisane par jour environ, mais l’ingestion de réglisse sur une longue période (plus de six semaines) ou en trop grande quantité peut provoquer divers symptômes comme maux de tête, léthargie, rétention d’eau et de sodium, perte excessive de potassium et hypertension artérielle.
Nous savons aujourd’hui que les caroténoïdes qui donnent à la carotte sa teinte orangée, contribuent à prévenir le cancer, surtout si elles proviennent d’authentiques carottes ou d’autres aliments entiers plutôt que de gélules. Si l’on considère la cigarette comme une sorte de bâtonnet cancérigène, on peut aussi décrire la carotte comme un bâtonnet anti cancer. D’ailleurs, cette définition est valable pour les fruits et légumes. Les recherches sur ce plan sont unanimes et formelles : plus les gens mangent de fruits et légumes, moins ils risquent d’avoir les principaux types de cancers, notamment le cancer des poumons. Par conséquent, même si vous ne parvenez pas à renoncer au tabac, continuez à manger des carottes.
Référence
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L’étude du Dr Polosa sur l’usage de la cigarette électronique auprès de fumeurs sans intention d'arrêter de fumer avait montré que 22,5 % des participants (9/40) étaient devenus complètement abstinents de tabac lors du bilan à six mois[1]. Pour la plupart des autres participants, une importante réduction du tabagisme était constatée. Même si cette étude ne présente pas de puissance statistique suffisante, elle corrobore les constats faits dans les nombreux forums spécialisés.
Près d'un quart des fumeurs sans intention d'arrêter de fumer à qui l’on met à disposition une cigarette électronique cessent spontanément complètement la cigarette. Qu’en est-il quand un groupe de fumeurs actuellement non motivés pour cesser leur tabagisme se voient proposé de la nicotine pharmaceutique en complément d’un programme de six semaines d'aide à l'arrêt ? C’est ce que présente une étude récente [2].
Le programme d'aide à l'arrêt était conçu pour accroitre
Deux groupes de volontaires furent répartis aléatoirement, le premier sans aide pharmaceutique, le second avec offre de substitution nicotinique. Les participants ont été suivis à 6 mois pour comparer les résultats. Les participants au groupe bénéficiant de nicotine de substitution se virent offrir des échantillons de pastilles de nicotine à sucer en vue d'améliorer leur acceptation des pharmacothérapies et de promouvoir l'usage des différentes possibilités d’aide à l'arrêt.
Comparé au groupe de participants bénéficiant seulement du programme d'aide, l'option de substitution nicotinique augmente la probabilité d'une tentative d'arrêt, qui passe de 40 % à 49 %. La probabilité d'une abstinence durant 24 heures augmente de 34 % à 43 %. Le traitement nicotinique de substitution a marginalement majoré la probabilité d'une abstinence de sept jours ou plus pendant la durée de l'étude. À six mois, il n'y a pas de différence significative de taux d'arrêt entre les deux groupes : 14 % et 16 % (RR=1,15, intervalle de confiance 0,9-1,6).
La conclusion des auteurs est :
"Nicotine therapy sampling during a practice quit attempt represents a novel strategy to motivate smokers to make a quit attempt".
Si nous comprenons bien, ce qui est une stratégie innovante, c'est de proposer de la nicotine pharmaceutique aux participants d'un programme d'aide à l'arrêt, quand bien même cela n'augmente pas leur chances de succès à l'horizon de 6 mois. L'examen des liens d'intérêt des auteurs avec les industriels du médicament pourrait-il expliquer cette bizarrerie ?
L'interprétation alternative que nous vous proposons est plutôt : auprès d'un public sans intention manifeste de cesser le tabagisme, l'usage de palliatifs de nicotine n'augmente pas la probabilité d'arrêt à moyen terme. Ce qui est augmenté, c'est la probabilité de tentatives suivies d'échec, donc une augmentation de la culpabilité et du scepticisme concernant ses chances d'arrêt durable du tabac.
Certes le recours à la cigarette électronique n’est pas encore recommandé, officiellement parce que l’on ne dispose pas assez de recul sur les risques d’un usage prolongé, avec l'hypothèse qu'ils pourraient être supérieurs à ceux des dérivés de nicotine homologués par l'industrie pharmaceutique. Mais il y a un tel écart dans les résultats qu’il ne sera pas tenable longtemps d'écarter l’une pour favoriser les autres :
L’offre médicale et pharmaceutique officiellement recommandée n’est pas compétitive. Est-ce que ceux qui en font la promotion veulent réellement aider les fumeurs ? On peut maintenant en douter.
Références
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L’Assurance Maladie a actualisé la liste des substituts nicotiniques pris en charge :
http://www.ameli.fr/fileadmin/user_upload/documents/substituts_nicotinique_au_17_08_2011.pdf
Marque |
Nombre de spécialités |
Fabricant |
Niquitin | 22 | GSK |
Niquitin Mini | 4 | GSK |
Nicorette | 46 | Johnson & Johnson Mc Neil |
Nicorette Skin | 6 | Johnson & Johnson Mc Neil |
Nicorette Microtab | 7 | Johnson & Johnson Mc Neil |
Nicogum | 9 | Pierre Fabre |
Nicopass | 15 | Pierre Fabre |
Nicopatch | 6 | Pierre Fabre |
Nicotinell | 30 | Novartis |
Total | 145 | 4 |
Quatre entreprises pharmaceutiques et cent quarante cinq produits commercialisés pour une seule pathologie, si tant est que fumer soit une maladie dont on peut guérir.
Cent quarante cinq façons de se faire avoir. Le choix est vaste : comment ne pas tomber dans le panneau ? Certains combinent Nico-turf et Nico-scotch en pensant que combiner des dérivés de nicotine tous inefficaces peut augmenter ses chances de succès. Nico-stérile !
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Une enquête révèle que l'arrêt franc est plus efficace que le recours aux aides médicamenteuses mais conclut le contraire [1].
Un cas exemplaire de patascience, pour ne pas dire mensonge et désinformation caractérisés nous a encore été offert à la conférence de pneumologie américaine CHEST 2011 (American College of Chest Physicians) le 26 octobre dernier. Selon une intervention à la conférence [2], les médecins qui recommandent l'arrêt franc du tabagisme donneraient de mauvais conseils et devraient recommander plutôt une substitution nicotinique ou d'autres traitements pharmaceutiques.
Le "petit problème", c'est que les résultats du sondage aux USA montrent exactement l'inverse : il est plus probable d'être redevenu non fumeur par arrêt franc qu'en ayant eu recours aux "solutions médicales recommandées ayant fait leur preuves scientifiquement et patati et patata". Ceci est un nouvel indice que ces recommandations sont basées sur le délicat zéphyr du marketing des firmes et aussi qu’une sévère intoxication mentale concernant les gri-gris médicamenteux supposés aider à l'arrêt du tabac atteint les tabacocologues.
L'étude est résumée comme suit :
« Sur 777 participants, 284 (37 %) étaient des fumeurs et 493 (63 %) étaient des anciens fumeurs. Les deux groupes avaient une répartition par sexe similaires et ont commencé à fumer à un âge similaire. Parmi les fumeurs actifs, 66 % ont déclaré qu'un médecin leur avait conseillé d'arrêter de fumer au cours de l'année précédente, par arrêt franc et ou une thérapie médicalement recommandée dans respectivement 19 % et 61 % des cas. Quand une aide médicamenteuse a été conseillée, la nicotine pharmaceutique l'a été dans 52 % des cas, et d'autres traitements médicamenteux dans 40 %.
« Par rapport aux fumeurs actuels, les anciens fumeurs ont significativement indiqué qu'ils étaient plus susceptibles d'avoir tenté une approche par arrêt franc et moins susceptibles d'avoir essayé des thérapies recommandées pour arrêter de fumer. »
En conclusion, les auteurs affirment :
« Selon les participants à ce sondage, les professionnels de santé recommandent une approche par arrêt franc dans 19% des cas, alors que son taux de réussite est inférieur à 10 % à 1 an. Pour cette raison, il n'apparait pas que les patients reçoivent une information appropriée concernant les thérapies de cessation du tabagisme. »
« Greater efforts may be required by clinicians to ensure patients receive appropriate evidence-based therapy for smoking cessation. »
En d'autres mots : Pfizer, GSK, Johnson & Johnson, etc. pourraient légitimement se plaindre que leurs produits ne soient pas systématiquement prescrits. Les auteurs ne déclarent toutefois aucun lien d'intérêt.
Résumons à notre tour :
Logique, non ? Non ? Vous ne comprenez pas ? Eh bien, c'est simple : ce sont les anciens fumeurs qui ont tout faux et les médecins à la solde de l'industrie pharmaceutique qui ont raison. Quand bien même conseiller ou prescrire ces produits réduit la probabilité d'un arrêt, il convient de croire - et faire croire - à cette médecine réputée "basée sur les preuves". Croire dans des preuves expérimentales bidonnées plutôt, dès lors que la réalité ne corrobore pas les tests cliniques.
Cette étude, suivant quelques autres ayant échappé à la censure des lobbys du médicament montre que sur le terrain, les patchs font pschitt [3]. Pour s'en protéger, les lobbys pharmaceutiques contrôlent :
Dans la vraie vie, les patchs ne gagnent cependant pas le match contre l'arrêt franc. Les expérimentations largement médiatisées et contrôlées avec des protocoles dits scientifiques relèvent de la patascience imbibée de liens d'intérêts.
Chacun fait ce qu'il veut et croit ce qu'il veut : libre à chacun de se coller un patch sur la fesse ou de mâcher des gommes à la nicotine. Les chiffres en population générale montrent que c'est le plus sûr moyen d'échouer à cesser de fumer.
Références
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Le Plan Cancer 2009-2013 prévoit la refonte des recommandations professionnelles des aides à l'arrêt du tabac [1].
Cette révision sera t-elle réalisée par des experts indépendants ou par des personnes liées à l'industrie par des liens d'intérêts ?
Comme nous l'avons vu sur Unairneuf.org à diverses reprises depuis 2007, les recommandations actuelles en vigueur de l'Agence du Médicament (Afssaps) sont entachées de biais patents. Cf. :
En août dernier, un jeune médecin généraliste frais émoulu d'une Faculté de la France profonde condamnait sévérement dans sa thèse de fin d'études [2] plusieurs autres recommandations de la Haute Autorité de Santé (HAS). Le coup a porté : ces recommandations ont été 'abrogées'. Un jeune - et peu naïf - néophyte, tel David face à Goliath, a révélé le cancer qui ronge la médecine : le manque d'impartialité des experts, liés à l'industrie. Les voix exigeant l'indépendance des experts mandatés par les autorités de santé se font entendre bruyamment à l'occasion des débats de parlementaires... pas mal liés à l'industrie aussi [3].
Ce cancer est-il en voie de rémission ? Il semble que cela soit envisageable. Nous prenons cette semaine note de la décision - courageuse - du Pr Dominique Maraninchi, nouveau Directeur Général de l'Afssaps, de ne pas approuver les travaux de son groupe de travail sur les infections respiratoires (celui la même qui contribué à la recommandation du Tamiflu lors du dernier épisode de la grippe aviaire, sans s’embarrasser de fondement scientifique) [4]. Cela fera jurisprudence. Il est loisible de penser que l'indépendance des experts sera considérée comme aussi indispensable que leur connaissance technique du sujet. C'est de bonne augure pour la révision des recommandations sur les aides à l'arrêt du tabac que nous attendons avec impatience.
Dans le cas avec les traitements de la maladie d'Alzheimer, le service médical rendu, jugé Important par les experts sollicités en 2007 - reconnus par jugement du Conseil d'État coupables de liens d'intérêt rendant leur exercice illégitime - a été réévalué Faible par les experts indépendants sollicités à l'été 2011, sur la base des mêmes études ! Comment sera réévaluée l'efficacité des palliatifs de nicotine et autres médicaments dits d'aide au sevrage ? Nulle ? Faible ? Cela serait une révolution ! On peut rêver.
D'autres éléments nous laissent rêveurs, ainsi l'article du Canard Enchainé le 07 décembre intitulé “Le gendarme européen du médicament testé corrupto-positif” (en page 3). Les errements de l'Agence Européenne du Médicaments (EMA) sont étalés dans un audit interne montrant l'état de décomposition avancée de l'éthique de cette auguste autorité à tel point que le Parlement Européen a refusé de voter son budget 2011... Grâce en soit rendue à Anne Chailleu, de l'association Formindep [5] qui a obtenu par l'intermédiaire du Médiateur Européen ce qui avait été refusé au Parlement Européen (bonjour la transparence démocratique !).
Et c'est cette Agence Européenne du Médicaments percluse de métastases d'intérêts qui a renouvelé en juillet 2011 l'autorisation européenne de commercialisation de la varénicline (marque Champix de Pfizer). Au même moment, le Ministre en charge de la Santé décide l'arrêt de son subventionnement en France.
Cherchez l'erreur… La réponse on la trouve dans le numéro 338 de la revue médicale indépendante Prescrire (décembre 2011, p. 903) :
"Mieux vaut éviter d'exposer les patients à la varénicline.
Pour cela un retrait du marché est plus efficace qu'un déremboursement".
Est-ce que nos responsables politiques comprendront que défier Pfizer est nécessaire à leur crédibilité ? Ce traitement est dangereux et - faute d'informations sur une éventuelle efficacité en population générale - a priori inutile pour la cessation durable du tabagisme.
Espérons qu'en 2012 les autorités de santé, Afssaps comme Has, se remettent de métastases qui sont sur le point de les achever. Unairneuf.org pourra alors enfin cesser de jouer au mouton noir ou à l'empêcheur d'enfumer tranquillement le public. Ça ne nous amuse pas particulièrement. Et en cherchant dans les coins avec un peu d'indépendance d'esprit et d'objectivité basée sur les faits établis, il y a mieux à faire.
Références
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© Karl Fagerström, 2011 ; traduction française par UnAirNeuf.org
Quand fut mise au point la première version du test de Fagerström pour la dépendance à la nicotine (Tolerance Questionnaire, Fagerström, 1978) devenu ensuite le Fagerström Test of Nicotine Dependance (FTND ; Heatherton, Kozlowski, Frecker, Fagerström ; 1991), fumer n'était pas considéré comme une addiction.
La preuve que ce pourrait être le cas commençait néanmoins à se faire jour et certains chercheurs se sont appliqués à préciser l'importance de la nicotine dans l'habitude de fumer [NdT : nommée ci-après la 'fume'] et à informer le public à ce sujet. Ces recherches ont conduit à un changement profond dans la compréhension de la fume de cigarette et en 1988 le Surgeon General des États-Unis établit "une fois pour toutes" le rôle déterminant de la nicotine dans le tabagisme (Nicotine Addiction, Ministère américain de la Santé [U.S. DHHS], 1988).
Le rôle de la nicotine dans la dépendance ayant été établi, la communauté des chercheurs perdit de vue l’éventualité que d'autres facteurs déterminants puissent également être considérés. Mais il a été reconnu récemment que si la nicotine est le principal composant rendant addictive la fumée de tabac, elle n'est probablement pas la seule substance impliquée. À la lumière de ce qui est maintenant connu sur ce qui induit la dépendance au tabagisme, il semble opportun de proposer de rebaptiser le FTND « Test de Fagerström de dépendance à la cigarette » (FTCD). Les raisons en sont détaillées ci-après.
La nicotine joue un rôle prépondérant dans la consommation du tabac. Sa présence est nécessaire pour induire une consommation durable de tabac, mais suffit-elle ? Le tabagisme semble créer une dépendance chez les usagers aussi - si ce n'est plus - rapidement que les autres drogues (DiFranza & Ursprung, 2010), la dépendance s'établissant à un niveau comparable à celui des drogues dites "dures" (U.S. DHHS, 1988).
La plupart des effets de la nicotine proviennent de ce qu'elle est absorbée dans les poumons, puis rapidement amenée par le circuit sanguin vers le cerveau et d'autres cibles potentielles. Les effets neurochimiques de la nicotine dispensée de cette manière font l'objet des principales recherches contemporaines. Cependant la nicotine peut aussi avoir des effets directs importants sur le système nerveux périphérique. Il a été montré que la nicotine stimule les terminaisons des nerfs sensitifs (Ginzel, 1973) : le fait d'inhaler stimule fortement les voies respiratoires. La nicotine de la fumée de cigarette agit d'abord sur les récepteurs des voies respiratoires supérieures et profondes, où elle provoque des actions réflexes, suivies par la stimulation des nerfs sensitifs du cœur, de l'aorte et de la région du sinus carotidien à mesure que le produit progresse (Ginzel, 1975). Des études du système respiratoire ont montré que le passage provoqué par la fumée de tabac dans la gorge (« hit ») semble rendre gratifiante l'inhalation de fumée de tabac (Levin, Rose, & Behm, 1990; Rose, Zinser, Tashkin, Newcomb, & Ertle, 1984). Les résultats d'expériences sur des rats suggèrent que cet effet activateur est obtenu par une stimulation nerveuse directe et rapide d'afférents périphériques vers, par exemple, le locus cœruleus (Comroe 1960; Tung, Ugedo, Grenhoff, Engberg, & Svensson, 1989).
Le niveau élevé de dépendance que génèrent la cigarette et le tabac est difficile à concilier avec l'idée que c'est uniquement une dépendance à la nicotine. Certains éléments de preuve pour cela sont résumés ci-après :
Le tabac semble avoir des effets autres que ceux de la seule nicotine. Il est bien connu que la fumée de tabac contient des milliers de substances chimiques. La question la plus intéressante est de savoir si certaines de ces substances contribuent également à renforcer les propriétés de la fumée de tabac. Il est connu depuis un certain temps que la fumée de cigarette inhibe la monoamine oxydase (MAO), enzyme qui catalyse le métabolisme de neurotransmetteurs monoamines comme la dopamine, potentialisant ainsi leurs effets dans le cerveau des fumeurs et contribuant ainsi de manière significative à la sensation de plaisir et à la dépendance (Fowler et al., 1999, 2003). La nicotine n'est pas directement responsable de cet effet (Fowler et al., 1999). L'acétaldéhyde, un composant démontré de la fumée de tabac, est un puissant inhibiteur de MAO (des deux sous-types A et B) et il a été suggéré que ce composé provoque l'inhibition de MAO. Chez les rats de laboratoire, l'auto-administration de nicotine est accrue lorsque de l'acétaldéhyde est administrée aux animaux. D'autres études suggèrent que des produits de condensation de l'acétaldéhyde tel le salsolinol, et les harmanes, sont des causes plus probables de l'inhibition de la MAO. Le salsolinol (Rodd et al., 2003) et les harmanes (Baum, Hill & Rommelspacher, 1996) sont également eux-mêmes directement récompensants chez les rats. D'autres alcaloïdes du tabac comme la myosmine, l'anatabine, l'anabasine et la nornicotine semblent également avoir des effets récompensants dans la mesure où ils peuvent remplacer la nicotine dans les tests de discrimination de drogue, augmentent l'auto-administration en nicotine (Clemens, Cailille, Stinus, & Cador, 2009), et réduisent l'évitement de stimuli nociceptifs (Holtman, Crooks, Johnson-Hardy, & Wala, 2010).
Jusqu'à relativement récemment, fumer était considéré comme simplement une habitude accentuée et c'est ce que pensent encore beaucoup de fumeurs. Est-il possible qu'à la recherche des mécanismes sous-tendant la dépendance à la nicotine et au tabagisme, les chercheurs aient négligé d'autres aspects importants de la fume ? Ceci pourrait comprendre :
a) L'habitude et le conditionnement associés à la fume
b) Le rôle de l'objet, c'est-à-dire la cigarette elle-même
c) Les aspects psychosociaux.
La durée de demi-vie de la nicotine est courte - environ 2 heures - et elle est encore plus courte pour bon nombre d’autres substances pharmacologiquement actives composant la fumée de tabac. Une administration fréquente est nécessaire pour obtenir ses effets renforçateurs à la fois positifs et négatifs. Aussi, afin de maintenir les niveaux souhaités de nicotine ou d'autres composants de la fumée de tabac, le fumeur répète plusieurs fois par jour, peut-être 15 fois par jour, les gestes associés au tabagisme : par exemple prendre une cigarette dans le paquet, l'allumer, la tenir 5 à 10 minutes et inhaler la fumée 10 fois par cigarette. Chaque inhalation produit un impact sensoriel, d'abord dans la bouche puis dans la gorge et dans les poumons ; de même pour l'expiration par la bouche ou le nez. Toute cette séquence peut être relaxante en elle-même, bien que l'inhalation et l'exhalation de la fumée de tabac semblent être particulièrement importantes (McClernon, Westman, & Rose, 2004).
Il n'est pas inconcevable que tous ces comportements soient difficiles à abandonner. Des comportements sans renforçateurs chimiques comme se ronger les ongles, parier ou jouer sur un ordinateur peuvent être difficiles à cesser et être associés à des symptômes de sevrage lors d'une tentative d'arrêt (Gilbert, Gilbert, & Schultz, 1998). Les addictions sans produit comme le jeu pathologique semblent mobiliser les mêmes mécanismes du fonctionnement du cerveau que les dépendances aux produits (van Holst, van den Brink, Veltman, & Goudriaan, 2010). Ces activités semblent partager quelques mécanismes communs avec les troubles obsessionnels compulsifs qui sont réducteurs d'anxiété et anxiogènes lorsqu'ils sont inhibés. Comme fumer est relativement ritualisé, c'est-à-dire qu'il survient essentiellement dans des situations répétées ; un conditionnement s’instaure, si bien que ces stimuli peuvent suffire à déclencher l'envie de fumer [craving]. Ceci est étayé par le fait établi que l'auto-administration de nicotine chez les rats est nettement favorisée lorsqu'elle est jumelée à des stimuli lumineux (Caggiula et al., 2009). Bien que la nicotine puisse être nécessaire ou au moins facilitatrice du conditionnement initial aux envies de fumer ou à l’appétence pour certains stimuli et à leur accomplissement, il est possible qu'avec leur répétition fréquente, ces stimuli deviennent très résistants à l'extinction. Il est à noter que les cigarettes sans nicotine sont préférées aux gommes à la nicotine et soulagent mieux les symptômes de sevrage durant la durée (en semaines) où cela a été étudié (Barrett, 2010;. Buchhalter et al, 2005;. Donny et al, 2007).
La cigarette est restée la même aujourd'hui qu'il y a cent ans, de marque en marque et de pays à pays. Cela suggère que sa forme, sa couleur et sa taille ont un certain attrait. Elle est douce, chaude et confortable à tenir et mettre à la bouche. Bien que très peu de recherches aient exploré la satisfaction de juste tenir et manipuler une cigarette, il n'est pas déraisonnable de croire que ceci puisse contribuer quelque peu à rendre l'expérience de fumer agréable. Savoir si la cigarette présente des similitudes fonctionnelles avec une tétine n'est pas avéré mais pas complètement invraisemblable. Savoir si le paquet de cigarettes, le briquet ou les allumettes ont aussi une fonction gratifiante est encore moins clair. Des patients rapportent à l'occasion que tenir et caresser son paquet de cigarettes peut soulager un peu du stress.
Les drogues culturelles ont des fonctions psychosociales en général. Nous buvons souvent du café et de l'alcool ensemble, et ceci semble jouer un rôle de lubrifiant pour le comportement en société. C'est vrai aussi pour la fume de tabac. Offrir une cigarette peut être un acte grâce auquel on établit le contact avec une personne inconnue. Fumer peut être une occasion de prendre une pause ou se reposer d'une tâche ennuyeuse, parfois avec d'autres fumeurs. Cela accroît potentiellement les liens et la convivialité. Quand on est pris de court, allumer une cigarette donne un fumeur peu de temps pour formuler sa pensée. Même si aujourd'hui fumer est dénigré dans de nombreuses cultures, il y a encore des contextes culturels où fumer permet au fumeur de s'identifier et de se conformer aux autres. Fumer une cigarette peut stimuler les activités via des propriétés gratifiantes ("je dois finir ça avant d'aller fumer une cigarette"), être une "compagne" quand on est seul ; et dans certaines circonstances le tabagisme donne quelque chose à faire de ses mains, ce qui réduit l'anxiété.
Il n'est pas étonnant que cesser la consommation de nicotine pharmaceutique, avec son implication comportementale moindre, soit plus facile que d'arrêter la cigarette. Il y a aussi des différences dans la façon dont les différents produits de substitution nicotinique sont utilisés. S'il n'y a presque pas d'utilisation à long terme de timbres transdermiques, ceci est moins rare avec les gommes à la nicotine. De même il semble que l'abandon du tabac oral, qui a moins de composantes comportementales et est une activité plus solitaire que la fume du tabac, soit plus aisé que l'arrêt de la cigarette (Fagerström, Gilljam, rue Metcalfe, Tonstad, & Messig, 2010).
Une des raisons pour lesquelles cesser de fumer est aussi problématique que le sevrage aux drogues dures - qui sont habituellement des renforçateurs plus puissants – tient peut être à la contribution des facteurs autres que la nicotine discutés ci-avant. Une analogie avec la caféine pourrait être utile pour expliquer pourquoi les fumeurs préfèrent une cigarette à rendement en nicotine réduit à une avec un rendement normale en nicotine. Prenons le cas d'un utilisateur régulier et fréquent de Coca Cola qui devient fatigué et assoiffé et rêve d'un Coca bien frais mais à qui il est offert une tasse de café chaud. Si la motivation première de boire du Coca-Cola est d'obtenir de la caféine, la tasse de café chaud devrait faire aussi bien. Très probablement, le buveur de Coca-Cola refusera catégoriquement le café chaud comme la plupart des fumeurs ayant envie de fumer une cigarette refuseront une gomme à la nicotine. Cela se produit en partie parce que l'envie de Coca ou de cigarette ne sont pas seulement une affaire de produit mais comprend également toutes les autres fonctions associées aux objets respectifs.
La délivrance beaucoup plus rapide de la fume peut aussi contribuer au potentiel élevé de dépendance à la cigarette. Le potentiel hydrogène (pH) des cigarettes moderne est si bas que, pour être efficace, l'absorption de nicotine doit se faire par une inhalation dans les poumons. Les caractéristiques du filtre permettent également un titrage précis de la nicotine.
Beaucoup de chercheurs cliniciens, d'épidémiologistes et de praticiens utilisent fréquemment l'expression « dépendance à la nicotine » pour décrire leur travail sur le tabagisme ou avec les fumeurs, bien que ce qu'ils étudient est la fume de tabac. Outre qu'ils utilisent une formulation réductrice, ceci peut également signifier que le problème, c'est la nicotine. La nicotine n'est pas le problème majeur concernant la santé. La nicotine pure ou pharmaceutique n'est probablement guère différente de la caféine et certainement moins dangereuse que l'alcool. La nicotine est un facteur important de dépendance, mais la dépendance au tabagisme est une dépendance vaste et à multiples facettes. La nicotine pourrait d'ailleurs dans une certaine mesure faire partie de la solution au problème du tabagisme si le besoin de fumer du tabac pouvait être remplacé par la consommation de nicotine pure. Ce qui doit être mis en avant est le problème du tabac et particulièrement du tabac fumé.
Fumer des cigarettes provoque à la fois les maladies physiques et une forte dépendance. Il est intéressant de noter que - contrairement au répertoire DSM de l'American Psychiatric Association (1994) - la dénomination utilisée dans la Classification internationale des maladies par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS, 1993) est la « dépendance au tabac » et non la dépendance à la nicotine. Mettre l'accent sur le tabac ne signifie pas que la nicotine doit être ignorée. Elle reste un composant essentiel du tabac.
Le tabac se présente sous de nombreuses formes dans les cigarettes, le narghilé, le cigare, le tabac à chiquer, le tabac à pipe et bien d'autres. Ces produits sont évidemment très différents non seulement dans leurs caractéristiques physiques, mais aussi dans les normes culturelles et des modes de consommation qui les environnent. Le panorama global de la dépendance sera très probablement différent entre un fumeur de cigarettes et un amateur de tabac sous une autre forme, par exemple de tabac oral (Fagerström et coll., 2010). Un questionnaire de test pour la dépendance au tabac en général devrait être validé avec toutes les formes d'usage, des cigarettes au tabac oral. Cela n'a pas été considéré dans le FTND et d'ailleurs la plupart des questions dans ce questionnaire concernent spécifiquement l'acte de fumer. Par conséquent, il semble approprié de renommer le FTND ainsi : test de Fagerström de la dépendance à la cigarette.
© Karl Fagerström, 2011
Références
Voir original : Karl Fagerström, Nicotine & Tobacco Research (2011), doi: 10.1093/ntr/ntr137
Publié en ligne par Oxford University Press pour le compte de la Society for Research on Nicotine and Tobacco. All rights reserved. Traduction française par UnAirNeuf.org.
La diffusion/reprise de cet article sous forme électronique ou autre est explicitement interdite par les ayant-droits. For permissions, please e-mail: [email protected]
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Nous faisons partie du 'fan club' de Kati Karsen, qui travaille dans la pub, publie des BD adorables... et qui fume. Elle met en image sa troisième tentative pour arrêter avec des patchs : T'as ton patch ? Extrait :
Lire svp. la suite de l'histoire sur son blog Deconstructing Tonino.
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La consommation des spécialités pharmaceutiques de nicotine comporte quelques effets indésirables, jugés anodins par rapport aux risques qu'il y a à fumer du tabac. Ces inconvénients sont sans doute une des causes de l'échec fréquent des tentatives d'arrêt du tabagisme.
Une revue systématique et une méta-analyse ont étudié l'ampleur des effets indésirables de la nicotine pharmaceutique comparée à des témoins inertes (placebo) à partir des études observationnelles et d'essais cliniques de traitement nicotinique contrôlés pour l'aide au sevrage tabagique [1]. Quatre-vingt-deux essais cliniques impliquant 32 185 participants et 28 études observationnelles impliquant 145 205 participants ont été pris en compte.
Par rapport à un traitement placebo, l'usage de nicotine pharmaceutique double l'occurence de palpitations cardiaques et de douleurs thoraciques. D'une façon plus générale, les traitements médicaux à la nicotine comportent un risque accru, avec les risques relatifs (odds ratio) suivants :
Effet indésirable | Risque relatif |
palpitations cardiaques et de douleurs thoraciques | 2,06 |
nausées et vomissements | 1,67 |
troubles gastro-intestinaux | 1,54 |
insomnie | 1,42 |
Par rapport à un timbre transdermique ("patch") sans produit actif, la présence de nicotine induit une augmentation du risque d'irritations cutanées :
Effet indésirable | Risque relatif |
irritations cutanées | 2,8 |
La nicotine absorbée par voie orale est associée à un accroissement du risque relatif de :
Effet indésirable | Risque relatif |
irritations dans la bouche et dans la gorge | 1,87 |
ulcères de la bouche | 1,49 |
hoquet | 7,68 |
toux | 2,89 |
Aucune augmentation des symptômes anxieux ou dépressifs n'est associée de façon statistiquement significative à la consommation de nicotine pharmaceutique dans les expériences contrôlées de sevrage tabagique. Cependant, les études observationnelles non comparatives ont montré la présence de ces événements dans une large population de consommateurs.
En conclusion, les auteurs recommandent d'informer les utilisateurs potentiels que le recours aux spécialités pharmaceutiques de nicotine majore le risque d'une variété d'effets secondaires.
Référence
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Les faux médicaments peuvent tuer, les vrais aussi (extrait) :
Cesser de fumer gagne à être entrepris sans gri-gris pharmaceutiques, à l'efficacité pour l'arrêt du tabac reconnue unanimement médiocre (au mieux ).
Déresponsabilisants, ces produits chimiques ne vous protègent pas de la récidive à terme. Rien ni personne ne vous libérera de la dépendance à votre place...
Crédit : Fondation Chirac
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Notre conseil amical : cesser de fumer avant d'être contraint de consulter un médecin à cause du tabagisme. Si l'on apprend de ses échecs, point n'est besoin d'en rajouter...
Crédit montage photo : Whyquit.com
Dans un article récent sur son blog [1], Jacques Attali reprend le dogme de la prohibition du tabac :
« Il ne faut plus tergiverser. Tout est clair désormais : il faut interdire la production, la distribution et la consommation de tabac. On remettrait en cause quelques emplois ;
Cette vision purement technocratique fait fi du plaisir que les jeunes ont de fumer et de se retrouver à partager du bon temps en fumant (du tabac !). Elle est excessivement attentatoire aux libertés et au bien-être social, car il est observé que les fumeurs ont une vie sociale plus riche et épanouie que celle des abstinents. Mais il nous semble surtout que cette solution Yaka Fokon est totalement impraticable en démocratie.
Il existe une alternative : le choix de la réduction du risque, un tabagisme 'avec modération'. Ce choix est malheureusement contraire aux intérêts de Big Pharma, qui encourage de toutes les façons possibles la visée d'un arrêt complet et définitif afin de favoriser les ventes de ses palliatifs dont on connait le peu d'efficacité chronique. Ce segment de produit est devenu une véritable vache à lait des fabricants et des officines : vendre 2 € le timbre trandermique de nicotine pour 24 heures alors que le prix de revient unitaire se calcule en centimes (3 centimes ? 5 centimes ?) est une belle et bonne affaire. Surtout quand cela ne sert à rien et qu'il faut recommencer et recommencer. Les fumeurs sont tondus deux fois...
La varénicline (marque Champix° de Pfizer) est de même un "blockbuster" : Nielsen estime que 300 millions de dollars ont déjà été dépensés en publicité pour ce produit aux USA. C'est dire les enjeux financiers de l'aide au sevrage tabagique.
Malheureusement personne n'est capable de dire quelle est l'efficacité de ce 'traitement' : cinq ans après la mise sur le marché, il n'existe encore aucune étude montrant que ce produit aide réellement les fumeurs à cesser le tabagisme [2]. Il est quand même incroyable qu'aucun chiffre de résultat dans la vraie vie n'ait jamais été publié. Est-ce un secret ? Ce produit serait-il non une pilule miracle mais une variante nouvelle d'une arnaque pharmaceutique ? Nous le suspectons.
Nous le suspectons pour une raison très simple : ce qui fait l'efficacité du 'traitement' est l'accompagnement du prescripteur. La simple ordonnance et le suivi des effets secondaires éventuels (particulièrement courants et parfois mortels) ne sauraient permettre au fumeur de se reconstruire une identité de non-fumeur. La dimension psychologique est évacuée par la médecine de ville, par faute de temps et de manque de rentabilité notamment. À un an, il n'est pas établi que cette pharmacothérapie soit plus efficace que les palliatifs nicotiniques, qui ne sont d'aucune utilité durable au fumeur non plus ! [3]
Les options pharmaceutiques pour l'aide à la cessation du tabagisme mènent à une impasse sanitaire. Les "dépenses pour désintoxiquer ceux qui le sont" sont une dépense inutile. Il existe une alternative, que nous présentons ci-après dans le commentaire posté sur le blog de Jacques Attali [4].
Cher Jacques,
Un pays a déjà interdit la vente de tabac : le très peu démocratique Bhoutan. On y fait la chasse aux fumeurs jusqu'à l'intérieur de leur domicile. La prohibition du tabac a été tentée par différents dictateurs et tyrans de tout poil sans succès notable. L'histoire nous dit que cela n'a jamais marché. Quand bien même ce propos est celui que tient la très opaque OMS (Organisation Mondiale de la Santé), c'est une chimère superfétatoire.
Que faire alors ? L'OMS combat avec la plus grande énergie la cigarette électronique et le tabac oral, qui sont, avec les palliatifs de nicotine pharmaceutique, des solutions durables permettant de gérer la dépendance dans la durée à moindre risque. Le professeur canadien de santé publique Carl V Philipps calculait récemment que profiter à vie de la cigarette électronique ou du Snus (tabac oral) présentait environ le même risque qu'un seul mois supplémentaire de tabagisme :
Debunking the claim that abstinence is usually healthier for smokers than switching to a low-risk alternative, and other observations about anti-tobacco-harm-reduction arguments
Carl V Phillips, Harm Reduction Journal 2009, 6:29 doi:10.1186/1477-7517-6-29
http://www.harmreductionjournal.com/content/6/1/29
On se demande alors bien pourquoi les autorités sanitaires sont vent debout contre ces alternatives, hormis évidemment celle consistant à consommer à vie de la nicotine labélisée pharmaceutique. Cette attitude démontre que la santé n'a rien à voir avec les agendas politiques : il faut faire croire au peuple que l'on se préoccupe de son bien-être tout en le laissant consommer ses drogues favorites...
Si l'on voulait réellement attaquer le problème sanitaire que pose le tabagisme on mettrait d'office à la retraite tous les experts véreux des comités scientifiques et l'on favoriserait le choix de ces solutions sans risque sérieux. Où y a t-il le moins de cancers dans les pays développés ? En Suède, seul pays de l'Union Européenne où la vente de Snus est légale. Il y a aussi deux fois moins de fumeurs en Suède qu'en France ou au Royaume-Uni. Vérifiez !
L'OMS a fait le choix de favoriser la vente de gri-gris pharmaceutiques sans utilité sur l'arrêt en recommandant l'arrêt complet du tabagisme. Une alternative sérieuse et pragmatique consisterait à faire évoluer ce dogme qui relève de la foi ou de la croyance, deux modes de pensée qui se moquent de la vérité des faits, vers la réduction du risque du tabagisme.
Ce qui n’interdit pas l’heureuse surprise que l’on est en train de découvrir : passé un certain temps, beaucoup d’accros au tabac ou aux produits nicotiniqués du commerce se lassent de leur doudou et cessent toute consommation.
Lire la suite sur Unairneuf.org.
Références
Mises à jour
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De longue date avait été identifié un mystère : pourquoi les aides pharmaceutiques au sevrage tabagique sont efficaces lors de tests cliniques financés par les laboratoires et se révèlent ensuite inefficaces sur le terrain, dans la vraie vie ? [1].
Une partie du mystère vient d'être dévoilé. Dr Yann Le Strat, de l'Unité Inserm 894 - Centre de Recherche en Psychiatrie et Neurosciences a pu montrer que les deux tiers des personnes potentiellement concernées par les aides à l'arrêt du tabac étaient exclues des tests cliniques pour une raison ou plus [2].
La base de données analysée représente plus de 43 000 adultes, dont 4962 étaient classés comme dépendants au tabagisme ("à la nicotine" dit le résumé, mais il s'agit de fumeurs de tabac, excluant la dépendance aux gommes à la nicotine notamment...).
De ces 4962 fumeurs adultes, seuls 1692 ont été jugés éligibles pour participer à des tests cliniques. Les 3270 autres (66 % donc) étaient par contre inéligibles, soit parce qu'ils ne fumaient pas assez, soit parce qu'ils étaient dépressifs, soient qu'ils manifestaient une motivation pour arrêter insuffisante, etc. Des volontaires sont sélectionnés pour montrer que le traitement testé est efficace alors qu'il ne le serait pas si tous les candidats potentiels étaient pris en compte.
Ainsi, alors qu'une majorité des fumeurs américains sollicitant une prise en charge pour l'arrêt ont des antécédents de dépression ou sont sous traitement, ces profils ont été soigneusement écartés des tests pour la varénicline (marque Champix de Pfizer) [3]. Résultat : pendant des années ces fumeurs ont servi de cobayes à leur insu avec des troubles parfois graves (et parfois mortels) . Si les tests avaient été menés en incluant cette catégorie d'utilisateurs, il n'est pas certain que l'homologation aurait été accordée.
Les substituts nicotiniques doublent-ils les chances de succès ? C'est mensonger.
Quelle est l'efficacité des ces traitements sur l'ensemble des fumeurs potentiellement utilisateurs de produits pharmaceutiques d'aide au sevrage ? Aucune étude clinique ne peut le montrer en toute rigueur. Ce que l'on constate sur le terrain, c'est que plus de 90 % des fumeurs ayant réussi leur arrêt du tabagisme l'ont fait sans aide médicamenteuse [1]. Et que les produits pharmaceutiques n'augmentent statistiquement pas les chances de succès à un an. Les allégations d'augmentation des chances relèvent de la manipulation scientifique puis publicitaire.
Commentaires bienvenus.
[Mise à jour 11.01.2011]
Le scandale du Mediator sert actuellement de révélateur de pratiques mensongères de l'industrie pharmaceutique. Ainsi le journal Le Figaro titre le 10 janvier 2011 "Mediator : Servier a fait de la publicité mensongère"
"Tout récemment encore, dans le courrier du 21 décembre 2010 envoyé aux médecins par le laboratoire Servier, le Dr Daniel Molle n'hésite pas à écrire: «Mediator est un antidiabétique». Servier utilisait depuis 2002 et cite toujours une publication scientifique parue dans la revue spécialisée (mais peu prestigieuse) Acta Diabetol pour vanter les mérites de son médicament. Or, cet article dont le premier signataire est le Dr Del Prato de l'université de Pise en Italie est scientifiquement très critiquable.
Par décision du directeur général de l'Afssaps, est publié au journal officiel un arrêté dénonçant cette étude caractérisée par « des faiblesses méthodologiques, avec notamment des patients inclus qui sont en moyenne peu sévèrement atteints ». Autrement dit, pour réaliser leur étude, les auteurs ont choisi des patients atteints d'un diabète mineur."
L'Afssaps publie un arrêté au Journal Officiel interdisant cette publicité jugée mensongère dès le 24 décembre 2002 (voir la copie dans l'article du Figaro).
Références
À lire sur le même sujet
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Les gommes de nicotine Nicorette sont un médicament en vente libre.
Lire la notice : ne pas consommer au delà de 6 mois. Ensuite, vous faites quoi ?
dans Nicotine, Pour rire, Publicité | Lien permanent | Commentaires (0) | TrackBack (0)
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Je ne fume plus mais je mâche ! est le titre de l’article publié dans le magazine ELLE cette semaine (n° 3175, 2006, rubrique Société/Emergence, p. 115-118) sous la plume de Françoise CONDAT.
« Conçues pour aider à décrocher de la cigarette, les gommes nicotinées à mâcher pourraient créer une véritable dépendance » indique le chapô.
L’article cite quelques témoignages édifiants. Florilège de citations :
« J’ai voulu arrêter avec les gommes à mâcher. Il m’a fallu huit ans pour [en] décrocher » (Sophie)
« La gomme comblait les mêmes besoins que la cigarette. Je suis devenue accro en quelques semaines » (Marie-Claire).
« Je me suis mise à en prendre une quinzaine par jour. Cela dure depuis six ans » (Pauline)
L’article cite des grands noms de la tabacologie : Marc Valleur, médecin-chef de l’hôpital Marmottan à Paris, le Dr Lagrue toujours missionnaire à 8O ans passés, Ivan Berlin pharmacologue à la tête de la Société Française de Tabacologie à la suite du Pr Molimard (cf. le billet du 8 novembre).
« Comme la cigarette, elles provoquent des brûlures et des picotements, des sensations agréables au fumeur, et qui favorisent la dépendance » (Dr Ivan Berlin)
« On pourrait considérer la nicotine comme une substitution à moyen ou long terme, un peu comme la méthadone du toxicomane. Il faudrait alors que ces produits soient vendus à des prix moins excessifs » (Dr Marc Valleur)
Ne négligeons pas ce qui se dit dans la presse grand public, notamment celle faisant état d’une solide réputation éditoriale. Cet article de ELLE révèle le piège que constitue le recours aux gommes dont on sait depuis leur mise sur le marché qu’elles sont susceptibles de déplacer la dépendance sans la réduire.
Les études manquent évidemment, car il est peu probable qu’elles puissent obtenir un financement, et même le cas échéant qu’elles puissent être publiées dans les revues contrôlées économiquement par l’industrie du médicament (cf. le témoignage du Pr Molimard qui rapporte la censure auquel il a été confronté dans son livre ‘La fume’). Une bonne approximation serait qu’un fumeur – ou une fumeuse - sur six ayant recours aux gommes en devienne dépendant.
Faisons un rapide calcul. La consommation rapportée par les réseaux de distribution pharmaceutique en France est selon les statistiques de l’OFDT (cf. tableau du 08/11/06 sur ce blog) équivalente à 650 000 tentatives d’arrêt. On pourrait en déduire approximativement que 100 000 fumeurs seront devenus dépendants aux gommes à la nicotine en 2006 en France (650 000 divisé par 6). Voila un bon marché captif.
L’argument de la médecine, rapporte Françoise Condat, est que la dépendance aux gommes à la nicotine serait moins nocive pour la santé physique que la fumée de cigarette. Ce serait un « moindre mal ». Le temps de consommation des gommes, souvent de plusieurs années, servirait de sas de transition vers l’affranchissement définitif. C’est un argument.
Nous pouvons surtout y voir l’intérêt économique des laboratoires, remplaçant les bureaux de tabac dans la délivrance ( !!) de nicotine quotidienne… pour un budget sensiblement équivalent. La durée d’utilisation des timbres transdermiques se compte en jours ou en semaines. La durée de consommation des gommes pourrait se chiffrer - dans un cas sur six - en années. C’est peut-être la raison pour laquelle la vente des gommes en France croît, tandis que celles des autres traitements pharmacologiques (timbres et Zyban) décroît (cf. tableau de bord OFDT).
Alors rappelons que le gain d’efficacité – si l’on peut utiliser ce terme - des traitements pharmacologiques de la dépendance au tabagisme est conditionnée à un accompagnement personnel de la part d’un professionnel. Nous pensons même que c’est la principale raison de leur efficacité à long terme : dans la relation professionnel de santé/fumeur, les adjuvants médicamenteux servent de médiateur et d’alibi pour un suivi dans la durée (un billet à venir prochaînement sur ce blog avec les détails du dossier d’autorisation de mise sur le marché de la varénicline et le dossier réalisé sur cette molécule par la revue Prescrire).
Ceci milite donc à ce que ce qui est présenté en France comme un médicament, et donc destiné à des fumeurs malades, soit conditionné à une prescription médicale. Il serait préférable que le médecin traitant a été formé à la tabacologie et à la clinique des addictions. Le paiement à l’acte rend cette option difficilement envisageable en médecine de ville évidemment.
[Article initialement publié le 10.11.2006]
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